Pourquoi aimons-nous autant les histoires ?

Livre ouvert

Temps de lecture : environ 3 minutes

Écouter quelqu’un raconter une histoire ou une anecdote personnelle, imaginer un scénario, lire un livre, regarder un film, écouter des chants, jouer à un jeu vidéo, assister à un cours d’histoire, raconter un mensonge … Les histoires sont présentes partout dans notre vie quotidienne et nos loisirs.

Mais pourquoi sont-elles aussi attirantes pour nous ?

Un groupe de chasseurs-cueilleurs qui se serait raconté des histoires pour passer le temps pendant une traque de plusieurs heures…

Tant de contes comprenant des personnages filant du tissu sur un rouet, tâche très longue et fastidieuse…

Chanter en voiture pour ne pas s’endormir lors du trajet de retour en fin de journée…

Quels que soient l’époque, la culture, l’âge, le milieu socio-économique, les histoires se retrouvent partout, du « storytelling » de nos entreprises à nos ouvrages religieux.
Nous ne savons pas encore si d’autres espèces que nous les utilisent.
Pour ce qui est de notre cas, elles semblent remplir plusieurs fonctions :

Les histoires sont divertissantes et stimulantes

Première fonction évidente, les histoires nous emmènent dans un contexte de vie différent du nôtre, nous permettent de nous mettre dans la peau de quelqu’un d’autre, nous font passer le temps…

Elles sont à la fois une source de divertissement (pour lutter contre l’ennui) et de stimulation (pour lutter contre la fatigue ou le manque de motivation).

 

Les histoires sont un excellent outil d’enseignement

Les histoires ont un excellent potentiel éducatif, que ce soit pour les enfants ou pour les adultes :

Elles permettent d’imager des idées, concepts, ou principes même complexes, pour mieux les comprendre, ainsi que de les illustrer de manière concrète.

Elles permettent d’apprendre à gérer ses émotions, en s’y confrontant dans un contexte où elles sont contrôlables. Pour l’adulte, c’est par exemple de savoir que l’histoire est fictive, et que l’on peut s’en désintéresser si elle est trop pénible. Pour l’enfant, c’est aussi le fait d’être accompagné par l’adulte qui lui lit une histoire, et lui permet de débriefer au fur et à mesure de sa lecture. Les livres pour enfants comprenant la mort d’un personnage en sont de très bons exemples.

 

Les histoires peuvent être un outil thérapeutique

Les histoires peuvent être utilisées en thérapie pour entrainer des compétences cognitives (intellectuelles) ou sociales plus spécifiques, en plus de leurs intérêts déjà cités :

La théorie de l’esprit. En psychologie, on appelle théorie de l’esprit la capacité à se représenter que les autres n’ont pas les mêmes connaissances, émotions, ni la même vision des choses que nous. Ex : quelque chose s’est passé dans la pièce pendant que tu étais parti ; à ton retour, je sais que tu ne disposes pas de cette information tant que je ne t’en ai pas informé.
C’est une capacité complexe et elle met plusieurs années à se développer. Dans certaines pathologies comme les troubles psychotiques, cette compétence peut être moins performante, générant des quiproquos et des difficultés dans les relations sociales. Les histoires peuvent être utilisées pour la ré-entrainer, en mettant en scène des personnages ne disposant pas des mêmes informations, et ne réagissant donc pas de la même manière.

La mémoire. Notre mémoire est multiple et implique de nombreux mécanismes et zones cérébrales différents. Pour ne prendre qu’un seul exemple, elle fonctionne à court terme (informations qui viennent d’être perçues et sont manipulables) et à long terme (informations perçues il y a un certain temps, que nous allons récupérer dans nos souvenirs). Les histoires sont un excellent moyen pour évaluer la mémoire, chez les enfants ou chez les personnes âgées, et regardant quels éléments factuels ont été retenus, et quelle compréhension est apportée à l’histoire dans son ensemble.

L’empathie. Les histoires permettent de montrer les points de vues de tous les personnages en même temps si l’on le souhaite. Elles sont donc un outil idéal pour sortir de son propre point de vue et considérer plus facilement celui des autres.
La capacité d’empathie est bien sûr très liée à celle de théorie de l’esprit.

La concentration. Les personnes souffrant d’un trouble déficitaire de l’attention – hyperactivité (TDA-H) vous le diront : il peut être très difficile de rester concentré sur une tâche. Pourtant, suivre une histoire demande bien souvent beaucoup moins d’efforts. Leur aspect divertissant et stimulant y est sans doute pour beaucoup. Les histoires nous permettent de suivre pendant un très long moment le déroulement d’événements complexes. Vous est-il déjà arrivé d’être pris dans la lecture d’un livre, le visionnage d’une série, ou un jeu vidéo, et de ne pas voir le temps passer ?

 

Statue dont il manque le haut du crâne

En résumé

– Les histoires sont un excellent moyen d’illustrer de manière compréhensible des idées même complexes, et de nous y investir. Elles sont donc un très bon moyen de transmission, de partage et d’enseignement.

– Les histoires nous permettent, à la manière du jeu de rôle, d’expérimenter d’autres contextes, points de vues, voire situations physiques, univers… de manière sécurisée. Elles aident à développer notre capacité à nous représenter l’autre, fictif ou non, et à avoir de l’empathie.

– En étant intéressantes pour nous et génératrices d’émotions, les histoires remplissent les critères les plus importants de notre mémoire pour encoder des souvenirs maintenus sur le long terme. (C’est pour cela qu’on a tendance à mieux se souvenir des histoires que des faits). Elles nous aident donc à consolider les acquis les plus importants.

 

Nous allons naturellement vers les aspects qui nous apportent le plus d’histoires (regarder une série historique plus que suivre un cours d’Histoire, aller lire les potins concernant une célébrité pour se reconstituer un peu plus leur propre histoire…).

Le goût pour les histoires est souvent reproché aux adultes comme un caractère enfantin, d’immaturité… Mais elles sont très fonctionnelles et adaptées même à l’âge adulte, et sont d’une grande richesse, alors pourquoi nous en priver ?

Nous avons un attrait naturel pour les histoires, qui semble justifié au vu de leur richesse et de toutes leurs fonctions possibles. Alors ne vous en privez pas, et pour votre bien-être, accordez-vous davantage de temps pour en profiter, quelque soit votre format préféré !

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