Enquête

Loin des clichés des séries policières, l’enquête est scientifique même dans ses dimensions psychosociales. Il existe d’ailleurs des enquêtes non policières, centrées sur les éléments factuels et cliniques, avec un pouvoir de contrainte plus restreint et une analyse criminalistique plus limitée, mais une véritable utilité concrète sur le terrain.

Enquête par un psychologue

Qu’est-ce que c’est ?

Le travail d’enquête réalisé à votre demande ressemble à celui d’une enquête policière, mais sans les éléments de contrainte : le professionnel ne pourra pas exiger la transmission de documents par une partie qui ne le souhaite pas, ni contraindre une partie à répondre à des questions. La mission est donc une analyse des pièces et des témoignages volontairement transmis, pour proposer une reconstitution des faits et des points de vue concernant une situation complexe. Ceci facilitera une qualification des faits par les tribunaux, le ciblage des personnes auxquelles il serait pertinent de proposer une évaluation psychologique, ou les décisions à prendre pour une entreprise.

Il ne s’agit pas d’une enquête au sens d’un détective : le professionnel peut demander si certaines pièces existent ou si certaines personnes souhaitent le rencontrer, mais sa mission n’est pas d’obtenir des éléments cachés. Dans un tel cas, vous aurez plutôt besoin d’un agent de recherche privé. Bien sûr, les entretiens d’enquête font souvent émerger des informations nouvelles, mais ce n’est pas la même chose que de récupérer des informations ou des pièces à l’insu de personnes ou contre leur gré.

L’enquête n’est pas non plus une évaluation psychologique, même si des personnes sont reçues en entretien : si des éléments cliniques pertinents sont présents, ils seront retransmis, mais l’objectif n’est pas d’établir le profil psychologique des individus concernés. L’enquête ne comprend donc pas la passation de tests ni la pose de diagnostics.

Dans quel contexte puis-je avoir besoin d’une enquête ?

Le contexte le plus classique pour demander une enquête concerne les entreprises : un employé de la structure signale à son employeur qu’il est victime d’une infraction (p. ex. : harcèlement, discrimination, violences sexistes et sexuelles ou VSS). L’employeur répond à une obligation de protection de ses employés, avant même qu’une enquête de police ait pu se tenir ; il peut donc avoir besoin d’éléments objectifs et de conseils techniques d’un professionnel pour prendre sa décision.

D’autres structures et institutions que des entreprises peuvent être concernées par un besoin d’enquête, notamment lorsque leur propre service interne d’enquête est touché par la situation problématique.

En cas d’intervention ultérieure des autorités de police ou de justice, le rapport d’enquête peut leur être fourni, afin de rendre compte de votre processus de décision et/ou de faciliter leur travail.

Dans d’autres contextes qu’une structure, je vous suggère de me joindre par téléphone pour m’expliquer votre situation, afin que nous vérifions ensemble si l’enquête est bien le type de mission dont vous avez besoin. Si vous êtes un particulier individuel, il est peu probable que l’enquête soit ce que vous cherchez parmi les consultations que je propose.

Les grandes méthodes de l’enquête

Cette section n’a pas pour objet de décrire les méthodes d’enquête de la police technique et scientifique française. Ces unités, travaillant pour les autorités publiques, impliquent des coûts très élevés (déplacements, matériels, analyses …) et de nombreux professionnels issus de longues années de spécialisations complémentaires (biologie, chimie, entomologie, physique, balistique, médecine légale, etc.). Nous nous intéressons ici à des moyens privés, comme par exemple le travail d’un psychologue expert judiciaire, d’un psychologue qui réaliserait une enquête sociale, ce qui correspond davantage à ma pratique, voire d’un détective privé (désormais appelés agents de recherches privées). Le travail d’enquête du « psychocriminologue », du juriste, ou du personnel RH reste complémentaire avec celui des forces de police, qui peuvent régulièrement coopérer. Les méthodes évoquées dans cette section proviennent toutes des travaux de recherche en psychologique et en criminologie scientifiques.

Criminalistique

La criminalistique correspond à ce que l’on imagine souvent en pensant à la criminologie. Elle n’en est en fait qu’une sous-discipline. Il s’agit de l’ensemble des sciences d’identification des auteurs d’infraction ou de leurs victimes. Elle regroupe donc un grand nombre de spécialités (balistique, analyse de traces de sang, ADN, empreintes, analyse de fibres, de liquides, de plantes, entomologie forensique, médecine légale …), exercées par des professionnels différents. En France, la criminalistique rassemble généralement les métiers de la Police Technique et Scientifique, et de nombreux experts judiciaires.

La criminalistique s’est développée en France, grâce à deux scientifiques précurseurs majeurs :
Alphonse Bertillon, qui développa un système de classification anthropométrique des criminels (ex. : mesurer la taille, la couleur de cheveux, des yeux, etc., d’un criminel afin de l’identifier en cas de récidive). Il proposa également la photographie des scènes de crime, et le tracé de plans à l’échelle. Il rendit enfin systématique le recueil d’empreintes digitales des condamnés, méthode qui avait commencé à être utilisée par les Britanniques.
Edmond Locard, qui formula le principe d’échange : lorsque deux corps entrent en contact, il y a obligatoirement un transfert entre ceux-ci. Ce principe implique que l’on retrouve forcément des traces du lieu du crime ou de la victime sur le criminel, et des traces du criminel sur le lieu et la victime.

Si l’expert psychologue ou criminologue n’a pas, en soi, besoin d’être un expert en criminalistique, – aucun professionnel ne peut de toute façon en maîtriser la totalité à lui seul – des connaissances de base sont très utiles pour ne pas commettre d’erreur d’interprétation grossière, ou pour pouvoir comprendre la totalité d’un dossier étudié. La criminalistique n’est donc compatible qu’avec les approches de psychocriminologie scientifiques, pratiques fondées sur les preuves, au risque autrement de provoquer une erreur judiciaire. Dans le cadre d’une enquête non policière, le psychologue ne pourra pas produire d’éléments de criminalistique, car sa formation et ses moyens ne sont pas adaptés pour en assurer la validité. Il est en revanche possible d’exploiter ceux déjà recueillis dans le respect des interprétations autorisées par nos connaissances scientifiques actuelles.

Protocoles d’entretien

La recherche en psychologie a mis en évidence l’existence d’un phénomène de faux souvenirs chez l’être humain (voir travaux de Loftus, et de Corson & Verrier). Les faux souvenirs impliquent que la mémoire à long terme est beaucoup plus imparfaite que nous ne le pensions initialement. Elle fonctionne par reconstruction de souvenirs à chaque fois qu’on les évoque, ce qui les rend malléables. Le caractère reconstructif de la mémoire est une fonction d’adaptation, puisqu’il nous permet d’enrichir un souvenir avec des informations supplémentaires (ex. : le point de vue de quelqu’un d’autre). Mais il signifie aussi que nous sommes sensibles à la suggestibilité.

Ces travaux ont donc révélé que de nombreuses méthodes d’interrogatoire ou même psychothérapeutiques (ex. : la « thérapie des souvenirs retrouvés ») ont en réalité des résultats délétères, puisqu’ils « contaminent » la mémoire de la personne avec des informations qui n’étaient pas présentes dans son souvenir. Une victime, un innocent ou un coupable, peut donc avoir sincèrement l’impression de se souvenir de choses tout à fait fausses. C’est une possibilité d’explication de certaines fausses confessions. Les études montrent que ces faux souvenirs peuvent être détaillés, même davantage que la suggestion faite initialement, et que nous n’avons souvent aucun moyen de différencier un vrai d’un faux souvenir.

En conséquence de cette problématique, et des enjeux prévisibles liés au mensonge dans des contextes d’enquête, la méthode de l’entretien cognitif a vu le jour. Il s’agit d’une manière de poser des questions à une personne, de sorte à exercer le moins de suggestibilité possible sur elle. Cette méthode a deux avantages : ne pas créer de faux souvenirs chez une victime ou un témoin (ou en tout cas, le moins possible), et détecter plus facilement une personne qui essaierait de mentir, ou en tout cas créer des conditions qui l’incitent moins à le faire. L’entretien cognitif est donc utile dans de nombreux contextes, allant de l’interrogatoire de police à la psychothérapie, pour tous types de personnes et d’âge. Cette méthode est d’autant plus importante à maîtriser dans les cas qui favorisent la suggestibilité et donc l’apparition de faux souvenirs, comme les contextes d’autorité (ex. : police, enquête, tribunal), et certaines caractéristiques de la personne entendue (ex. : enfant, personne âgée, difficultés de mémoire, handicap psychique).

La formation à l’entretien cognitif devrait, à mon sens, être obligatoire pour les policiers et gendarmes, les professionnels de justice, et les professionnels de santé mentale. On détecte en effet la présence de questions suggestives et de discours transformés involontairement dans un nombre considérable de dossiers judiciaires et médicaux. Les protocoles d’échange tels que l’entretien cognitif, ou le protocole NICHD pour l’audition des mineurs, intègrent progressivement les techniques d’interrogatoire. J’utilise ce type de protocoles lors des enquêtes.

Profilage ?

Pour les téléphiles qui regardent « Esprits Criminels » plutôt que « Les Experts », le profilage est le deuxième gros cliché concernant la criminologie. En réalité, il n’existe à ce jour pratiquement pas de données scientifiques montrant l’efficacité des techniques de profilage. En d’autres termes, des profilers qui travailleraient comme dans cette série n’existent pas, ou s’ils le prétendent, ne peuvent se prémunir contre des résultats erronés qui entraînent des erreurs judiciaires. (Désolée pour la déception !)

Les travaux scientifiques portant sur la validation empirique du profilage criminel – c’est-à-dire, qui vérifient si des théories de profilage peuvent être vraies – avancent à tout petits pas. Ils recherchent des régularités statistiques dans les caractéristiques des auteurs et victimes de crime, notamment leur personnalité, ou dans les scènes de crime. L’objectif du profilage est de parvenir à identifier un coupable et à reconstituer le déroulement de l’infraction, à partir des éléments trouvés par les enquêteurs. A ce jour, l’une des branches les mieux développées à ce jour du profilage est le profilage géographique, qui reste non consensuel. On peut citer Eric Beauregard parmi les chercheurs qui essaient de développer un profilage empirique, avec une efficacité prouvée.

Aujourd’hui, les professionnels les mieux formés au profilage criminel sont donc ceux qui font preuve d’une grande prudence à son égard, en connaissent les actuelles limites épistémologiques et empiriques, et s’en servent plutôt en stratégie de dernier recours face à une affaire non résolue (parfois appelées « cold case »). Vous pouvez donc oublier les propos et méthodes vus et entendus à la télévision…

Pas de profilage dans mes méthodes d’enquête, donc ! Si vous n’avez pas pu identifier la personne responsable de la situation problématique, nous échangerons lors de la préparation du devis sur le type de résultats que vous pouvez attendre de mon intervention, et si c’est ce qui correspond à vos besoins.

Force de preuve et valeur probante

On peut voir que les méthodes d’enquête présentes et futures doivent être intégralement basées sur des données scientifiques. Elles laissent peu de place à l’interprétation, en essayant d’avoir le plus d’objectivité possible.

Cette meilleure fiabilité des méthodes est soutenue par le droit, qui accorde une force de preuve différente à ces différents outils. On parle également de « valeur probante » d’un élément. Par exemple, une correspondance ADN est aujourd’hui considérée comme plus fiable qu’un témoignage. Le témoignage lui-même reste quand même une preuve intéressante, préférable à une absence totale de preuves. Petit à petit, le droit avance dans sa connaissance des méthodes scientifiques d’enquête, et leur donne donc une priorité par ce système de force de preuve.

La pratique ayant toujours nécessairement du retard sur la recherche (difficile de pratiquer et de se tenir à jour en même temps !), cette transition se fait toujours avec un certain délai. Par exemple, en psychologie, le droit ne connait pas encore bien l’existence des méthodes empiriques, et les théories et outils qui y sont associées. Les tribunaux acceptent donc encore des rapports d’expertises judiciaires dans lesquels les psychologues et psychiatres n’utilisent que des tests projectifs (ex. : les fameuses taches d’encre de Rorschach… qui n’ont aucune valeur scientifique), et aucun outil actuariel (un test prédictif vérifié de manière statistique sur la population). C’est la raison pour laquelle de nombreux rapports d’expertise psychologique sont dysfonctionnels. On peut donc souhaiter une évolution du statut de la psychologie judiciaire par une série de réformes dans les prochaines années.

Déroulement

L’enquête commence par un échange avec vous pour préciser votre demande et le contexte de l’intervention. Un devis vous sera proposé pour prévoir les différentes étapes, ainsi que le calcul des heures qui auraient dépassé les durées initialement prévues en raison d’imprévus.

Le déroulement de l’enquête peut s’adapter au contexte de la structure (ex. : niveau de confidentialité du rapport final). La méthode est autrement basée sur la prise de connaissance des pièces et les entretiens auprès des personnes concernées (personnes plaignantes, mises en cause, témoins). Vous aurez souvent pré-identifié des personnes pertinentes à entendre, mais il est très fréquent que des personnes supplémentaires se signalent en cours de démarche. De même, vous aurez certainement déjà un nombre important de pièces (documents écrits, images, fichiers audio, vidéo, etc.) à transmettre dès le début de l’enquête, mais des documents supplémentaires émergent de votre part ou de celle des personnes concernées en cours de travail.

Sauf exception (ex. : personne identifiée tardivement), les personnes plaignantes sont entendues en premier, puis les personnes témoins, puis les personnes mises en cause. Des entretiens individuels supplémentaires peuvent être proposés pour résoudre les contradictions qui auraient émergé de la comparaison des pièces et des discours.

Un déplacement sur le terrain est généralement indispensable pour contextualiser la situation, voire pour recueillir certaines informations.

J’essaie, dans la mesure du possible (selon les collègues disponibles), de réaliser la mission en binôme avec un collègue juriste ou psychologue, afin de croiser les regards et améliorer l’exhaustivité des éléments recueillis. Selon les cas, ce binôme peut également être une personne de votre structure.

Nous pouvons rester en contact pendant le déroulement de la mission pour débriefer au fur et à mesure.

Toutes les autres spécificités du déroulement de la mission sont vues sur-mesure avec vous lors de la préparation du devis, selon votre situation et vos besoins.

Tarifs

L’enquête est une mission dense qui comprend plusieurs étapes, implique plusieurs personnes, et nécessite fréquemment des déplacements sur le terrain. Elle s’effectue donc nécessairement sur devis. Vous pouvez me contacter par mail à l’adresse psychologue@marieguellec.fr pour échanger sur votre demande d’enquête.

Création d’un espace sécurisé sur serveur (5€). Tous vos documents (pièces transmises, rapport…) sont stockés conformément à la loi sur un serveur sécurisé conforme au RGPD. Lors de la préparation du devis, je vous fournis un lien de dépôt direct sur le serveur afin d’éviter que vos données sensibles ne transitent par mail et ne nécessitent de nombreux envois. Vous pouvez consulter la politique de conservation de vos données dans les mentions légales du site.

Lecture des documents (60€/heure). Tous les documents qui vous semblent pertinents pour comprendre la situation peuvent être admis, qu’il s’agisse de documents directement liés à la situation problématique, ou de documents permettant de comprendre leur contexte ou votre fonctionnement. Il est précieux d’autoriser les personnes concernées à transmettre elles-mêmes des documents (sans nécessairement les faire passer d’abord par vous).

Entretiens individuels d’enquête (60€/heure). Les entretiens peuvent être effectués auprès des personnes plaignantes, des personnes témoins (ou potentiellement témoins) et des personnes mises en cause. Selon votre rôle (ex. : employeur), vous aurez la capacité de convoquer les personnes pour qu’elles aient l’obligation de se présenter en entretien, mais ce n’est pas toujours le cas, et elles n’ont de toute façon jamais l’obligation de répondre aux questions. Il est souvent très utile de parler ouvertement de l’enquête, et d’inviter les personnes qui le souhaitent à demander à être entendues, même si elles n’étaient initialement pas repérées parmi les personnes pertinentes.

Rédaction du rapport d’enquête (60€/heure). Il s’agit de l’étape de synthèse, de structuration et de présentation de toutes les informations recueillies.

Restitution du rapport (60€/heure). Un entretien est prévu ensemble pour vous remettre et vous expliquer le rapport d’enquête, ainsi que pour échanger sur les pistes pour la suite. Si vous le souhaitez, des restitutions sont également possibles auprès des personnes concernées, ce qui rend souvent les décisions prises sur la base du rapport mieux acceptées.

Indemnisation liée aux déplacements (sur facture). Les frais de transports, voire les frais d’hébergement et de repas selon votre emplacement, sont à votre charge, sur justificatif.

Réservation

Confirmer

Vous pouvez faire votre paiement en autonomie par virement bancaire à l’aide du RIB fourni sur votre devis, ou en ligne sur la page ci-dessous :

Dernière mise à jour de cette page : 09 / 06 / 2025.