Je pense que quelqu’un a des idées suicidaires. Que puis-je faire ?

Temps de lecture : moins de 5 minutes

Si votre proche vous a confirmé avoir des idées suicidaires, vous pouvez lire directement la Partie 2 de cet article.
Si vous avez vous-même des idées suicidaires, vous pouvez vous rendre en Partie 3 de cet article.

En cette période compliquée au niveau politique, économique, écologique et sanitaire, les personnes épuisées psychiquement sont toujours plus nombreuses. Les besoins en termes de santé mentale atteignent un niveau record, avec un système de santé en détresse et des professionnels surchargés.

Tous les ans, certaines périodes de l’année, comme les fêtes de fin d’année, connaissent un pic de tentatives de suicide… Certains proches détectent parfois qu’il y a un problème, mais ne savent pas toujours comment réagir. Le suicide est encore un sujet tabou dans notre société, et beaucoup préfèrent ne pas en parler de peur d’aggraver la situation.

Que puis-je faire si je soupçonne quelqu’un d’avoir des idées suicidaires ?

Tout d’abord, merci de faire attention et de vous inquiéter pour cette personne. Vous ne pourrez pas vraiment l’aider si vous n’êtes pas certain que les idées suicidaires sont bien présentes, donc vous aurez besoin de davantage d’informations. Avoir ce genre de conversation peut être stressant, alors quelques conseils :

– « Et si j’empire la situation en en parlant ? » Le suicide est tabou, donc il est très inconfortable de l’amener dans une conversation. Si vous trouvez cela difficile, imaginez à quel point ça doit l’être pour la personne qui en est l’objet et aimerait se confier à quelqu’un ! Vous lui retirerez un grand poids des épaules si vous abordez le sujet vous-même.
Si la personne a effectivement des idées suicidaires, lever ce tabou n’empirera pas la situation, au contraire. Et si elle n’en a pas, poser la question ne déclenchera pas de « Oh mais tiens, je n’y avais pas pensé » !

Trouver le bon moment pour en parler. Tout d’abord, il faut trouver un moment où vous êtes seul·e avec la personne. Une méthode que vous pouvez essayer de suivre si cela vous aide :

1. Demander à la personne s’il est possible de parler en privé

Certains se mettent en retrait durant la période qui précède une tentative de suicide, donc vous aurez peut-être du mal à vous retrouver en tête-à-tête. Vous n’êtes pas obligé·e de vous « imposer » en posant la question. Précisez simplement que vous préférez ne pas être devant d’autres personnes pour ce dont vous aimeriez parler.

2. Lui dire que vous avez remarqué qu’elle n’allait pas bien

Vous avez repéré que la personne avait l’air de ne pas aller bien. Vous pouvez lui demander si elle veut en parler, et vous en dire plus. C’est parfois leur première occasion de se confier et cela peut beaucoup aider. Assurez-vous à l’avance d’avoir assez de temps, pour ne pas avoir à couper la conversation pendant un sujet important. Si elle ne souhaite pas se confier, n’insistez pas, mais montrez-lui que vous restez disponible si elle change d’avis plus tard.

3. Si la personne n’aborde pas les idées suicidaires d’elle-même

Vous avez le droit de lui demander. « Est-ce que tu as des idées suicidaires ? », « Est-ce que tu penses à la mort ? » Posez-lui littéralement la question. Cela peut sembler très direct, mais l’inconfort est lié au tabou qui plane sur le sujet. C’est souvent la seule façon d’obtenir une réponse. Cela peut vous demander beaucoup de courage, mais faites l’effort de vraiment mettre les mots sur les choses. Si les idées sont absentes, vous ne les ferez pas apparaître…

4.1 Si elle vous dit oui

Laissez-la dire ce qu’elle a sur le cœur. On se retrouve en partie 2 de l’article.

4.2 Si elle vous dit non

C’est peut-être vrai ! Si vous pensez qu’elle ne vous dit pas la vérité, vous ne pourrez malheureusement pas faire grand-chose de plus pour l’instant : essayer d’obtenir une confession va seulement encourager la personne à « résister », vous pourriez même perdre sa confiance. C’est déjà une grande avancée que vous ayez mis les mots sur les choses, et montré que vous prêtiez attention et que vous étiez disponible. Le mieux que vous puissiez faire à présent est proposer votre aide, lui dire qu’elle peut vous contacter en cas de besoin. Vous pouvez aussi prendre régulièrement de ses nouvelles : lui faire savoir qu’elle compte pour vous, vérifier si sa situation a l’air de s’améliorer ou non, rester prêt si, cette fois, elle veut se confier davantage.

Si vous pensez que la personne peut préférer se confier de manière anonyme, vous pouvez lui conseiller ensuite d’utiliser une ligne d’écoute de prévention suicide.

Le choix des mots

D’une manière générale, quand vous avez l’impression que quelqu’un n’est pas très en forme, vous aurez le réflexe de demander à la personne comment elle va. Cependant, la manière habituelle et routinière dont nous posons ces questions relève aujourd’hui plus de la politesse, et rare sont ceux qui répondent sincèrement ou avec développement au classique « ça va ? » échangé en début de journée.

Choisir un simple « Comment ça va ? » incite déjà à une réponse un peu plus développée (ne serait-ce qu’en empêchant un simple « Et toi ? » en guise de réponse), surtout si vous montrez par votre attitude que vous avez le temps d’entendre une vraie réponse. 

Cette personne est importante pour moi, mais ça me fait vraiment peur de parler de suicide, alors je n’ai pas envie de le faire…

Avoir peur d’aborder le suicide ne fait pas de vous une mauvaise personne. Beaucoup de gens (y compris des professionnels de santé !) sont mal-à-l’aise quand on parle de la mort, et ont peur de ne pas savoir « accueillir » ces propos de manière adaptée, voire d’empirer la situation. J’espère que vous trouverez assez d’informations dans ce triple article pour vous sentir plus en confiance et essayer d’en parler. Dans le cas contraire, ne culpabilisez pas : d’une manière générale, même si vous êtes prêt à aller plus loin par vos bonnes intentions, essayez de ne pas aider quelqu’un en passant par une situation qui vous mette vous-même en détresse.

Ce que vous pouvez faire dans ce cas-là :

Ne pas vous éloigner de la personne parce que vous avez peur qu’elle aborde le sujet avec vous. Le soutien social est la meilleure chose que vous pouvez lui apporter, même si vous ne parlez pas du suicide.

Demander à un autre de ses proches d’avoir cette conversation avec elle.
« Je pense que [Personne] ne va pas très bien en ce moment, est-ce que tu en sais plus ? J’ai peur qu’il/elle fasse une bêtise, mais j’ai peur de lui en parler… Puisque que vous êtes proches, est-ce que tu penses que tu pourrais le faire ? »

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6850cookie-checkPrévention du suicide – Partie 1